Les amis du musée historique du lycée Hoche

La fondation du couvent

La mort de Stanislas Leszczynski

Stanislas_Leszczynski
Stanislas Leszczynski par Jean-Baptiste van Loo, Château de Versailles

Stanislas Leszczynski, roi déchu de Pologne, avait reçu en compensation de la part de son beau-fils, le roi Louis XV le duché de Lorraine où il meurt en 1766 en son château de Lunéville. Il laisse à sa fille, la reine Marie-Leszczynska, un héritage de 450 000 livres. Cette dernière décide de fonder à Versailles une grande fondation religieuse comme l'avait fait la reine Anne d'Autriche au Val de Grâce ou Madame de Maintenon à Saint-Cyr. Cette fondation, le reine la désire également enseignante, pouvant accueillir des pensionnaires parmi les filles d'officiers de la reine et du roi en échange des loyaux services rendus à la Couronne, ainsi que 500 élèves externes venues de la ville.

Par ailleurs, dans le cas où Louis XV mourrait avant elle, Marie-Leszczynska, souhaite également anticiper son veuvage en créant au sein de cet établissement un logement où elle pourrait se retirer à l'écart de l'étiquette et des intrigues de la Cour au château. Elle fait appeler Richard Mique, l'architecte de son père, dès l'été 1766.

La recherche d'un terrain approprié

plan de versailles en 1744
D'après Versailles en 1744 par par le Sr Gaspard de Baillieul, archives nationales

Le choix du terrain pour accueillir le futur couvent est l'objet d'hésitations pendant quelques mois. On pense au fond de la pièce d'eau des Suisses, avant la butte de Satory, endroit jugé trop dangereux pour les pensionnaires ; le parc aux Cerfs, dans le quartier Saint-Louis est également pressenti un temps, place des Ursulines (disques sur fond rose ci-dessus). Mais c'est en février 1767 que la reine obtient onze arpents sur l'ancien domainde de Clagny (disque sur fond vert ci-dessus).

domaine de clagny
Le domaine de Clagny en 1730 par Jean Mariette, archives nationales

Clagny est l'ancien domaine de Madame de Montespan, offert par Louis XIV à la favorite, où Jules-Hardouin Mansart construit un somptueux château agrémenté de jardins dessinés par Le Nôtre qui s'étendent jusqu'au lac de Clagny. Celui-ci est asséché sous Louis XV. Le domaine revient aux enfants légitimés de Madame de Montespan à la mort de celle-ci mais le château, abandonné, tombe vite en ruines. En 1766, il est en très mauvais état et le domaine est rétrocédé à cette époque pour revenir à la Couronne. Il est décidé de détruire le château de Mansart.

Mique utilise deux arpents, le long de l'avenue de Saint-Cloud, pour créer une vaste cour d'honneur. Neuf autres arpents permettent la construction des bâtiments conventuels et les jardins de l'établissement à l'endroit de l'ancien parterre sud du domaine de Clagny. L'ancienne orangerie sert ainsi de briquerie pendant le chantier.

domaine de clagny et couvent
Juxtaposition du domaine de Clagny et de la ville en 1900 par Bieuville et Favier, archives nationales

Le choix de la Congrégation

Alix Le Clerc
Alix Le Clerc, gravure de Herman Weyen

Marie-Leszczynska décide de faire venir la congrégation Notre-Dame de l'ordre des Chanoinesses régulières de Saint-Augustin. Cette congrégation est fondée par Saint-Pierre Fourier et Alix Le Clerc la bienheureuse, en Lorraine, au début du XVIIème siècle. Cette communauté enseignante reçoit rapidement un vif succès et des écoles filles naissent en France et en Europe, issues de l'école mère de Poussay.

Ce sont les religieuses de Compiègne qui sont désignées pour investir le couvent de Versailles, les bâtiments au nord de Paris étant dans un état de délabrement avancé et la communauté, faute de logement, sur le point d'être dispersée. Les occupantes arrivent à l'automne 1772. Les premières pensionnères rentrent dans les murs le 1er janvier 1773.