La chapelle
Extérieur
C'est lors de son troisième projet que Richard Mique adopte la forme définitive de la chapelle, en croix grecque, avec coupole et chapelles latérales. La reine ne verra pas cette église puisque'elle meure le 26 juin 1768 et que la chapelle n'est édifiée qu'à partir de l'année suivante. L'extérieur est terminé en 1772 lors de l'entrée des religieuses dans le couvent. On achève l'intérieur en 1779, à la mort de Louis XV. Son coût correspondra à la moitié de celui du couvent soit environ 500 000 livres.
Richard Mique s'inspire profondément de l'antiquité pour créer notamment une entrée à la manière d'un temple antique. Se basant sur les écrits de l'architecte romain Vitruve, il choisit le style ionique, style féminin par excellence pour un couvent de religieuses en l'honneur de Marie, et les proportions utilisées sont très proches du petit temple de la Fortune Virile dédié à Portunus, au forum Boarium à Rome.
Plus largement, l'architecte crée des baies et utilise des dimensions relatives concernant les largeurs, les hauteurs, les circonférences etc. souvent identiques à celles de Palladio que l'on retrouve par exemple dans le villa Rotonda ou la villa Chiericati près de Venise. Versailles voit ainsi, avec le couvent de la reine, s'ériger un vaste ensemble néopalladien.
Annonçant la coupole de la grane église de Soufflot sur la montage Sainte-Geneviève à Paris (actuel Panthéon) et qui lui est quasiement contemporaine, Richard Mique, à la façon du Panthéon de Rome, met en place en savant jeu de toitures autour d'une coupole centrale. Sur pendentifs, elle est complétée par quatre adjonctions en arcs de cloitre suivies de deux chapelles latérales et d'un choeur hémisphériques tandis que l'entrée est rectangulaire. L'architecte complète très habilement, aux quatre coins, l'édifice par des appentis carrés formant un grand carré circonsrit à la croix grecque.
L'avant-corps est traité à la façon d'un temple avec quatre colonnes ioniques en façade et deux à l'arrière engagées dans le mur. Le "tétrastyle" ainsi constitué est particulièrement équilibré par la disposition des colonnes dont les deux centrales sont davantage espacées ("eustyle").
Intérieur
L'intérieur de la chapelle est très richement décoré. Le sanctuaire est l'écrin du couvent. La couleur pâle de la pierre de Saint-Leu, le décor sculpté important et le décor peint au plafond rendent une atmosphère sereine et propice au calme, à la prière et à la méditation.
La forme particulière en croix grecque est particulièrement bien visible en regardant les voutes. La coupole est au centre, retenues par quatre pendentifs et assorties de quatre voutes dites en arc de cloitre qui, à la base, sont rectangulaires et se referment de façon circulaire à la verticale. L'utilisation encore de la peinture sur la coupole et sur les pendentifs, et de la sculpture partout ailleurs, indique une transition entre le goût du XVIIIème siècle et l'avènement du néoclassicisme du style Empire.
Richard Mique multiplie les colonnes pour plus de cohésion, faisant de son église une véritable salle hypostyle. Mais aucune lourdeur pour autant n'est perçu à l'intérieur de l'édifice : l'architecte décolle les colonnes les plus externes du mur les rendant beaucoup plue légères. Elles sont élancées. L'utilisation de grandes fenêtres non colorées permettent l'obtention d'une très grande clarté à l'intérieur du bâtiment et un savant jeu de transparence entre baies, colonnes et grilles donne à l'ensemble son caratère harmonieux fort réussi.
Dans le choeur, légèrement surélevé, on viualise trois grilles. Les deux latérales ouvrent à droite sur le choeur des religieuses et à gauche sur celui des pensionnaires, séparées du public physiquement à cause des règles de la clôture de la congrégation. La petite grille centrale dans l'axe était attribuée à l'origine à la souveraine qui pouvait ainsi suivre la messe sans être vue.
De façon très ingénieuse, Richard Mique, derrière le mur supérieur séparant les chapelles latérales ou le choeur du reste de l'église, place une verrière qui éclaire ainsi directement, et indirectement après rélexion sur un disque en pierre, les voutes en cul de four décorées par un trompe l'oeil à caissons semblant s'élever très haut vers le ciel, comme sur les voutes en arc de cloître.
La décoration de la voute de l'entrée ou pronaos est identique avec une forme rectangulaire. Un grand portail ouvre sur la cour et deux entrées latérales sont surmontées d'yeux-de-boeuf.
Vers la page dédiée au décor peint
Vers la page dédiée au décor sculpté
La chapelle aujourd'hui
La chapelle fait partie de la paroisse Notre-Dame de Versailles. Elle a donc un rôle cultuel avec la célébration d'une messe au moins une fois par mois et la réunion des étudiants pour des temps de prière le mercredi soir en général. Des visites et des concerts de musique de chambre et/ou de musique sacrée contribuent régulièrement à son rôle culturel dans la ville.
